par Amandine Le Moal le 24-02-2022 à 06:51
Tango & Scan… Voici un nom évocateur qui intrigue.
Non, il ne s’agit pas du prochain film représenté à Cannes mais d’un financement octroyé par l’Eurométropole et initié par l’association ACCRO qui tend à promouvoir les talents porteurs de projets innovants dans les domaines de la création et du numérique.
C’est avec une grande fierté que c’cité · nouveau nom de la Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est · se porte partenaire dans cette aventure auprès de Régis Kern, transcripteur et adaptateur de contenus pour personnes aveugles et malvoyantes.
Une fois par an, l’association ACCRO dont je suis membre, en lien avec l’Eurométropole, lance un appel à projets. Dans le cahier des charges, on nous demande deux partenaires dont un industriel. Le but : lier des compétences pour que les projets des entrepreneurs comme moi aboutissent et voient enfin le jour, qu’ils soient culturels ou autres mais toujours en lien avec le numérique ou le monde créatif. Pour cela, il faut que le partenaire soit issu du monde industriel ou avec un statut économique tel qu’il désire faire émerger une expertise bien précise en lien avec son secteur d’activité.
J’avais déjà présenté mon projet il y a deux ans. Malheureusement, ma candidature n’avait pas été retenue. Cette fois-ci, j’ai assidûment préparé mon pitch ; j’étais préparé et déterminé à être sélectionné ! J’ai obtenu le maximum de contribution possible soit 20 000 €. J’en suis très reconnaissant. Cela signifie que mon projet de rendre accessibles les œuvres d’Art aux aveugles et malvoyants a du sens et de l’avenir !
Eh bien les deux ! Je touche à des tableaux donc à l’Art que je reproduis numériquement en trois dimensions pour les rendre visibles, grâce au toucher, aux aveugles et malvoyants.
À l’origine, mon projet est né du désir de travailler avec des déficients visuels et des artistes.
J’ai comme ambition de présenter 17 transcriptions d’œuvres d’art en 3D. Une dizaine seront en couleurs, les sept autres hériteront d’une autre technique.
Je prévois que mes réalisations soient transportables dans une mallette à roulettes et accompagnées d’une description accessible réalisée par Mireille Goffinet, figure emblématique des musées de Strasbourg, spécialisée dans les visites accessibles aux déficients visuels. J’ai déjà prévu une application QR Code pour la lecture des descriptifs des tableaux.
L’impression en couleur est le coût le plus onéreux. Il faut une précision d’une grande finesse, lissée. Une imprimante 3D qui imprime avec le rendu désiré à une valeur de 150 000 à 200 000 € alors je passe par un prestataire, Thierry Schneider, gérant de CAD’indus. Ça nécessite beaucoup d’échanges avec l’imprimeur afin que le rendu soit le plus fidèle possible mais j’ai l’habitude : je travaille fréquemment pour les musées et le domaine de l’archéologie.
L’autre partenaire se situe à Paris. Il s’agit de l’imprimerie Laville qui est l’imprimeur officiel des musées.
J’ai ma façon de faire, bien différente de celle d’un graphiste. Quand tu adaptes un tableau en relief, l’interprétation est différente. J’ai réussi à exploiter les limites de mes prédécesseurs dans le domaine. Leurs impressions sont composées de calques qui n’excédent pas les 2mm d’épaisseur. Moi, je superpose 8 couches différentes de 4 à 5mm d’épaisseur donc 8 calques différents. Plus il y a de calques et plus la définition est précise. La moindre erreur se voit ! Avec ce mode de process, je leur ai fait découvrir une finesse d’exécution qui ouvre le champ des possibles. Cette collaboration avec les musées de France m’apporte beaucoup.
L’une des œuvres que j’ai confectionnées est La Joconde de Léonard de Vinci.
Au départ, je travaille sans couleur. La couleur fausse l’information du relief. On doit pouvoir reconnaitre le tableau rien qu’avec le relief, au toucher. La Joconde s’apparente plus à de la sculpture numérique. Plus tu montes en relief et plus ça devient compliqué. Vous imaginez bien qu’il est impossible de retranscrire le rendu avec 2mm d’épaisseur ! Si tu fais un portrait en 10 cm d’épaisseur, il faut que ça soit fidèle et réaliste.
Dès leur plus jeune âge, les aveugles et les malvoyants sont habitués à toucher des choses plus plates, bien éloignées de la réalité. Avec la technique du thermo gonflage, j’ai souvent eu comme retour : “C’est joli mais pas assez précis” et c’est ça qui m’a donné l’envie de travailler un relief plus élaboré ! Avec les anciens outils, on était restreint à une “réalité” étriquée qui infantilisait les élèves ou endoctrinait les schémas de pensées dans une direction unique. Or, l’artiste est en mouvement perpétuel. Il n’y a pas une façon de faire mais une multitude de façons de faire et de voir le monde qui nous entoure !
Pas du tout !
J’ai commencé par faire des petites reproductions en 3D avec l’Art au-delà du regard, pour les salons ST-ART pendant quatre ans. Ça m’a permis de développer une technique. Au début, une reproduction me prenait beaucoup de temps. Heureusement, j’ai gagné en temps d’exécution mais encore, ça dépend du modèle. Pour Icare de Matisse j’ai dû mettre une heure mais pour La Joconde ou La Jeune Fille à la perle de Vermeer je n’ai pas compté mes heures. Je compense. Je suis celui qui a dû passer le plus de temps à scruter le tableau de La Joconde (rires) !
Non, non, je travaille d’après une reproduction de l’œuvre. D’abord, je suis sur écran avec une copie du modèle original et mon esquisse en trois dimensions. Ensuite, je superpose la peinture dessus pour mettre la couleur. Je reconstitue les parties manquantes imperceptibles sur une toile en deux dimensions.
Je cherche un équilibre entre détails et simplification. Mon pari : ne pas dénaturer l’œuvre, capter et diffuser son essence.
J’étais transcripteur de manuels pédagogiques pour des élèves qui allaient de la maternelle à l’université. On me demandait souvent de décrire un tableau pour les élèves. Fin 2010, j’ai commencé à exploiter les possibilités de la 3D.
Je suis aussi codeur spécialisé en accessibilité numérique pour le public non et malvoyant.
J’ai toujours côtoyé beaucoup de peintres ! Je suis très sensible de nature et on retrouve ma sensibilité à travers mes adaptations.
Au printemps, j’expose mes tableaux à l’ESAT l’Évasion à Sélestat.
Et puis on retrouvera mes œuvres à la galerie d’Art Social Club du nouveau lieu Shopping Promenade à Vendenheim. Elles y seront affichées pendant un mois entre avril et juin avec notamment celles de Jacques Halon, membre du Conseil d’Administration, artiste peintre avec lequel j’ai collaboré, qui n’est plus à présenter.
Et ceci n’est que le début d’une belle collaboration entre la fédération et Régis Kern, artiste numérique. Nous lui souhaitons tout le succès qu’il mérite !
Bahloul le 2 mars 2022 à 7 h 37 min
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Bonjour c est super génial l art pour les aveugles et malvoyants une avancé primordial pour les handicapées mais ils ya beaucoup à faire mais avec les soutiens des partenaires sociaux ont pourras allez plus loins ils faut donner la chance aux artistes amateurs handicapés est sélectionnés divers arts pour donner la chance à tout les handicapées ne laissons pas cette opportunité nous passer devant nous l’avenir sera handicap art en espérant qui auras des expositions pour handicap art
A bientot