par Amandine Le Moal le 14-01-2022 à 11:05
Le 9 et 10 novembre 2021, l’ECL Strasbourg (Espace Culture et Loisirs) de c’cité · Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est a reçu le lycée professionnel Aristide Briand pour une sensibilisation à travers un repas dans le noir.
Ces deux journées étaient à l’initiative du lycée professionnel Aristide Briand à Schiltigheim. Cet établissement forme les futurs professionnels des métiers de l’hôtellerie-restauration.
Tout au long de cette année d’enseignement, le corps enseignant éveille leur conscience au handicap. À ce stade-là de leurs études, ils n’ont pas encore choisi leur spécialité. Ils peuvent ainsi s’orienter par la suite vers les métiers de la cuisine comme ceux de la salle ou de la plonge. Ce qui est important, c’est qu’ils puissent s’adapter aux différences et besoins de chacun.
Pour cette sensibilisation, on leur avait donc mis à disposition des masques et livrets d’informations sur les aveugles de la Fédération que vous pouvez retrouver ici.
À chaque table, nous avions installé un référant qui donnait des conseils cruciaux au bon déroulement d’un repas dans le noir.
Si on reçoit des non-voyants, décrire précisément la table. Ne pas déplacer les objets. On utilise une voix douce, posée et on parle avec bienveillance. Bien tout détailler.
Pour repère, on assimile l’assiette à une horloge. Ainsi, les serveurs indiquent où se trouvent les composants de l’assiette : les courgettes sont à 15h, les carottes à midi. Le verre est toujours dans le prolongement du couteau.
On évite les liquides au fond de l’assiette.
Les ingrédients sont émincés dans une taille qui puisse être ingurgitée facilement en une bouchée.
On peut utiliser le pain comme poussoir.
C’est toujours un réel plaisir de récolter les avis enthousiastes des participants.
“Je suis arrivé avec de l’appréhension. je me suis dit : on va voir…Finalement, j’ai adoré cette expérience ! Le fait de manger dans le noir génère une hypersensibilité aux sons. J’ai trouvé dérangeant certains d’entre eux auxquels je ne prête généralement jamais attention. J’ai essayé d’utiliser le couteau mais j’ai très vite déchanté. Il était plus facile de manger l’entrée qui était dressée dans une assiette creuse que le plat et le dessert dans une plate. Le rebord servait de poussoir. J’ai trouvé les saveurs marquées et les épices ressortaient nettement.
M. Pignon, un des professeurs accompagnateur du lycée Aristide Briand
Je vous remercie pour ce moment : j’ai appris beaucoup de choses !”
“C’était dur, je ne savais pas comment manger. Du coup j’ai utilisé mon pain. Manger dans le noir est très perturbant. J’ai l’habitude de manger avec la lumière donc le noir pour moi représente une perte totale de repères.”
“Ça allait. J’ai gardé les yeux ouverts derrière le masque. Malgré cette expérience, j’avoue que je me sentirais incapable de m’occuper de personnes aveugles et malvoyantes.”
“C’était bien mais assez compliqué. Je mangeais plus lentement et j’avais tendance à pencher ma tête vers l’assiette pour être plus proche d’elle”.
Comme il restait un peu de temps, nous avons pu initier les élèves au showdown après avoir délivrer quelque consignes.
On se protège avec des gants. Comme on doit entendre le bruit du rebond de la balle contre les parois, il faut du silence. La balle n’a pas le droit de toucher la vitre et pas le droit de descendre l’avant-bras. La partie se joue en 11 points. Il faut dire “JEU” pour commencer la partie. Pour marquer, il faut que la balle touche au moins un bord et quand la balle ne bouge plus, on appelle cela une balle morte.
Alors, prêts ? JEU !
On remercie l’établissement Aristide Briand et spécialement Mme Ledig et M. Pignon, les accompagnateurs, d’avoir eu cette démarche de sensibilisation et d’ouverture de consciences. Ce type d’interventions ouvre le regard des professionnels des métiers de la bouche à l’inclusion des personnes handicapées.
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